Passionnant!.. De quoi alimenter mon futur roman! Après "IM-Intelligence Mutualisée" me voici parti dans l'écriture d'un roman où j'imagine l'humanité dans 2000 ans après avoir finalement réussi cette indispensable transition géopolitique! La place de l'Europe actuelle entre les deux géants chinois et américain est sans aucun doute déterminante. Je crains malheureusement que nous ne soyons déjà engagés dans la 5ème solution vu ce qui se profile pour les prochaines années. Mais il faut se projeter plus loin encore pour donner une vision plus optimiste aux générations futures. A un moment, l'humanité, déjà confrontée à des bouleversements climatiques sans précédents, va commencer (pour la première fois depuis qu'elle existe sur cette Terre), à diminuer en nombre et ce, si je ne me trompe pas, dès l'orée 2100. Comment continuer dans un concept de croissance économique avec une population décroissante??? Et comment l'intelligence artificielle (que je préfèrerais sous le nom d'intelligence mutualisée) pourrait apporter des solutions inédites parce qu'elles sortent de notre cadre de pensée actuel!
Merci Noémie pour cette analyse stimulante. Je me demande si votre 5ème scénario n'omet pas une dimension cruciale : que se passerait-il si les pays du Sud global (Afrique, Amérique Latine, Asie du Sud) décidaient collectivement de prioriser leurs matières premières critiques pour leur propre développement durable, plutôt que de les exporter vers l'Europe? Cette inversion des rapports de force placerait l'UE face à une réalité brutale : une décroissance non choisie, une innovation forcée, ou une realpolitik aggressive. Peut-être que le véritable enjeu géopolitique de la transition n'est pas tant la capacité de l'Europe à défendre son mode de vie, mais sa capacité à se réinventer radicalement dans un monde où elle ne dicterait plus les règles du jeu? Ce renversement pourrait bien être le "6ème scénario" manquant...
Merci beaucoup Noémie ! Pour continuer avec Bruno Latour : « Si l'angoisse est si profonde, c'est parce que chacun d'entre nous commence à sentir le sol se dérober sous ses pieds. Nous découvrons plus ou moins obscurément que nous sommes tous en migration vers des territoires à redécouvrir et à réoccuper. » effectivement le tout sera de savoir de quelle manière nous alors rehabiter notre territoire…et les options que tu proposes sont assez crédibles
C'est une démarche salutaire, car en effet tous les scénarios de référence s'inscrivent dans une utopie de fin de l'histoire, où l'Europe reste prospère et politiquement centriste, et où les paramètres des scénarios sont essentiellement dépendants de choix technologiques ou de vitesse de mutation de l'économie.
Avec et au delà de la géopolitique, le risque politique interne est aujourd'hui le plus fort. Partout en Europe on a une extrême droite anti transition entre 25 et 55% des suffrages, et aujourd'hui soutenue par Poutine et encouragée par Trump. Les scénarios vont aussi dépendre de l'acceptabilité de la transition par les populations ce qui amène à des choix techniques et fiscaux critiques.
Sur l'uranium, nous dépendons beaucoup du Niger et du Kazakhstan. Évidemment de la Chine sur le solaire, les batteries, les moteurs électriques. Sur les combustibles fossiles de la Russie, du Golfe et des Etats Unis.
Le dernier de vos scénarios suppose donc que les citoyens européens prennent conscience que la transition énergétique peut être un moyen de préserver notre souveraineté (encore faut il le prouver) et qu'il est préférable / plus économique d'y parvenir.
Sinon on trouvera vite une majorité de collabos qui préféreront une Europe du gaz et du pétrole bon marché et des importations chinoises sans taxe carbone, et il n'y aura pas de transition du tout, sauf en Chine qui a les ressources, la technologie, doit se passer de sa dépendance au pétrole et au gaz (même si en soutenant les russes elle sécurise son approvisionnement pour le moment), et peut décider.
Ce commentaire ne semble pas très optimiste, mais il rebondit sur votre appel salutaire à approfondir la réflexion en prenant la réalité, et pas nos rêves, comme point de départ...
Tout à fait, un grand merci pour ce commentaire ! Comme vous le soulignez, les travaux de l'ADEME s'inscrivent dans un jeu de scénarios avec comme horizon commun la décarbonation de l'économie française. C'est une approche pédagogique plus que pragmatique qui nous laisse en angle mort les options très crédibles que vous évoquez.
En complément, on peut se référer à l'une des rares propositions politiques concrètes relevant de cette approche stratégique : celle de l'ancien Ministre du "Redressement productif" Arnaud Montebourg dans la postface à l'édition de poche de son livre L'Engagement (parue début 2023 je crois). De mémoire, il invite à faire de nos exigences écologiques un levier pour combattre les importations venues de pays moins regardants — ce qui à l'échelle européenne pourrait avoir un impact significatif. L'idée : protéger les productions intérieures tout en incitant très fortement les concurrents internationaux à se mettre à niveau. En somme, un mix entre puissance et exigence environnementale.
Merci Valentin, je n'en avais pas connaissance, je vais aller regarder cela ! J'avoue avoir eu du mal à trouver des points de vue sur ce sujet, donc un grand merci.
Merci beaucoup ! J'attends avec impatience les progrès d'UX dans les interfaces comme Substack pour partager son contenu sans la barrière de la langue.
Compte-tenu des enjeux et des tensions géopolitiques que vous soulevez à juste raison et auxquels nous ne pouvons échapper, n'y aurait-il pas une autre solution ? Laquelle consisterait à "lister" les ressources au sens large dont notre pays dispose et d'imaginer un nouveau modèle de société en conséquence ? Dans ce scénario sans doute un tantinet naïf, notre indépendance, notre autonomie pourraient-elles être garanties ?
Tout à fait, il y a probablement de nombreux chemins de traverse à envisager avec cette grille de lecture. Et comme vous le soulignez, cela peut nous amener à des solutions originales pour se sortir d'une approche embourbée.
Merci beaucoup Noémie pour cette réflexion. Elle déroule 3 hypothèses ultra intéressantes d'une variable géopolitique qui pourrait être mobilisée dans de futurs travaux de prospective.
Je me permets également de signaler le numéro de la Revue internationale et stratégique (RIS) intitulé "Géopolitique de la sobriété" dont plusieurs articles abordent les axes de transition environnementale (sobriété, Low Tech, etc.) comme leviers de puissance.
Lecture très complète et enrichissante. Merci pour cela.
Grande fan de livres post apocalyptiques, votre post me fait penser aux deux livres d'Eric Costa 2050 / 2050, le mur de l'eau.
D'une certaine manière il réunit les 4 scénarios. Dans ce livre, la France de retrouve coupée en deux, l'eau étant l'élément séparateur et la géopolitique est omniprésente (avec les pays du nord comme sanctuaire ET imposant les contraintes aux pays du sud).
Passionnant!.. De quoi alimenter mon futur roman! Après "IM-Intelligence Mutualisée" me voici parti dans l'écriture d'un roman où j'imagine l'humanité dans 2000 ans après avoir finalement réussi cette indispensable transition géopolitique! La place de l'Europe actuelle entre les deux géants chinois et américain est sans aucun doute déterminante. Je crains malheureusement que nous ne soyons déjà engagés dans la 5ème solution vu ce qui se profile pour les prochaines années. Mais il faut se projeter plus loin encore pour donner une vision plus optimiste aux générations futures. A un moment, l'humanité, déjà confrontée à des bouleversements climatiques sans précédents, va commencer (pour la première fois depuis qu'elle existe sur cette Terre), à diminuer en nombre et ce, si je ne me trompe pas, dès l'orée 2100. Comment continuer dans un concept de croissance économique avec une population décroissante??? Et comment l'intelligence artificielle (que je préfèrerais sous le nom d'intelligence mutualisée) pourrait apporter des solutions inédites parce qu'elles sortent de notre cadre de pensée actuel!
Merci beaucoup pour cette analyse
Intéressant Christian, avez-vous une idée du titre de votre nouveau roman ?
Merci Noémie pour cette analyse stimulante. Je me demande si votre 5ème scénario n'omet pas une dimension cruciale : que se passerait-il si les pays du Sud global (Afrique, Amérique Latine, Asie du Sud) décidaient collectivement de prioriser leurs matières premières critiques pour leur propre développement durable, plutôt que de les exporter vers l'Europe? Cette inversion des rapports de force placerait l'UE face à une réalité brutale : une décroissance non choisie, une innovation forcée, ou une realpolitik aggressive. Peut-être que le véritable enjeu géopolitique de la transition n'est pas tant la capacité de l'Europe à défendre son mode de vie, mais sa capacité à se réinventer radicalement dans un monde où elle ne dicterait plus les règles du jeu? Ce renversement pourrait bien être le "6ème scénario" manquant...
Tout à fait, merci pour ce prolongement !
A lire ici pour les lecteurs intéressés : https://sofebell.substack.com/p/the-6th-scenario-when-the-supplier
Ce
« détour » géopolitique semble indispensable ! Merci d’étirer nos cerveaux, contente de te retrouver sur un format long…
Merci Marion, j'avoue que j'ai hésité à le publier celui-ci. Mais contente que ça t'ait plu !
Merci beaucoup Noémie ! Pour continuer avec Bruno Latour : « Si l'angoisse est si profonde, c'est parce que chacun d'entre nous commence à sentir le sol se dérober sous ses pieds. Nous découvrons plus ou moins obscurément que nous sommes tous en migration vers des territoires à redécouvrir et à réoccuper. » effectivement le tout sera de savoir de quelle manière nous alors rehabiter notre territoire…et les options que tu proposes sont assez crédibles
On pourrait juste citer ses livres en entier, c'est toujours tellement puissant :)
C'est une démarche salutaire, car en effet tous les scénarios de référence s'inscrivent dans une utopie de fin de l'histoire, où l'Europe reste prospère et politiquement centriste, et où les paramètres des scénarios sont essentiellement dépendants de choix technologiques ou de vitesse de mutation de l'économie.
Avec et au delà de la géopolitique, le risque politique interne est aujourd'hui le plus fort. Partout en Europe on a une extrême droite anti transition entre 25 et 55% des suffrages, et aujourd'hui soutenue par Poutine et encouragée par Trump. Les scénarios vont aussi dépendre de l'acceptabilité de la transition par les populations ce qui amène à des choix techniques et fiscaux critiques.
Sur l'uranium, nous dépendons beaucoup du Niger et du Kazakhstan. Évidemment de la Chine sur le solaire, les batteries, les moteurs électriques. Sur les combustibles fossiles de la Russie, du Golfe et des Etats Unis.
Le dernier de vos scénarios suppose donc que les citoyens européens prennent conscience que la transition énergétique peut être un moyen de préserver notre souveraineté (encore faut il le prouver) et qu'il est préférable / plus économique d'y parvenir.
Sinon on trouvera vite une majorité de collabos qui préféreront une Europe du gaz et du pétrole bon marché et des importations chinoises sans taxe carbone, et il n'y aura pas de transition du tout, sauf en Chine qui a les ressources, la technologie, doit se passer de sa dépendance au pétrole et au gaz (même si en soutenant les russes elle sécurise son approvisionnement pour le moment), et peut décider.
Ce commentaire ne semble pas très optimiste, mais il rebondit sur votre appel salutaire à approfondir la réflexion en prenant la réalité, et pas nos rêves, comme point de départ...
Tout à fait, un grand merci pour ce commentaire ! Comme vous le soulignez, les travaux de l'ADEME s'inscrivent dans un jeu de scénarios avec comme horizon commun la décarbonation de l'économie française. C'est une approche pédagogique plus que pragmatique qui nous laisse en angle mort les options très crédibles que vous évoquez.
Très intéressant, merci !
En complément, on peut se référer à l'une des rares propositions politiques concrètes relevant de cette approche stratégique : celle de l'ancien Ministre du "Redressement productif" Arnaud Montebourg dans la postface à l'édition de poche de son livre L'Engagement (parue début 2023 je crois). De mémoire, il invite à faire de nos exigences écologiques un levier pour combattre les importations venues de pays moins regardants — ce qui à l'échelle européenne pourrait avoir un impact significatif. L'idée : protéger les productions intérieures tout en incitant très fortement les concurrents internationaux à se mettre à niveau. En somme, un mix entre puissance et exigence environnementale.
Merci Valentin, je n'en avais pas connaissance, je vais aller regarder cela ! J'avoue avoir eu du mal à trouver des points de vue sur ce sujet, donc un grand merci.
Analyse phénoménale, bravo! Il faudrait la faire en anglais pour étendre son impact et son enrichissement au niveau dialogue européen.
Merci beaucoup ! J'attends avec impatience les progrès d'UX dans les interfaces comme Substack pour partager son contenu sans la barrière de la langue.
Merci d'oser revisiter et d'enrichir ces scénarios (ils m'avaient bien inspirés à l'époque, mais cette époque semble désormais dépassée...).
Oui, probablement les travaux qui ont le plus contribué à démocratiser l'intérêt de la prospective !
Compte-tenu des enjeux et des tensions géopolitiques que vous soulevez à juste raison et auxquels nous ne pouvons échapper, n'y aurait-il pas une autre solution ? Laquelle consisterait à "lister" les ressources au sens large dont notre pays dispose et d'imaginer un nouveau modèle de société en conséquence ? Dans ce scénario sans doute un tantinet naïf, notre indépendance, notre autonomie pourraient-elles être garanties ?
Tout à fait, il y a probablement de nombreux chemins de traverse à envisager avec cette grille de lecture. Et comme vous le soulignez, cela peut nous amener à des solutions originales pour se sortir d'une approche embourbée.
Super intéressant (comme d'habitude) ! Merci pour l'analyse.
Merci Adrien !
Merci beaucoup Noémie pour cette réflexion. Elle déroule 3 hypothèses ultra intéressantes d'une variable géopolitique qui pourrait être mobilisée dans de futurs travaux de prospective.
Merci Laurent, il y a probablement mieux à faire avec des experts en géopolitique pour affiner ces options et les rendre plus crédibles !
Merci Noémie pour la multiplicité des hypothèses
Je me permets également de signaler le numéro de la Revue internationale et stratégique (RIS) intitulé "Géopolitique de la sobriété" dont plusieurs articles abordent les axes de transition environnementale (sobriété, Low Tech, etc.) comme leviers de puissance.
A toutes fins utiles :-)
https://shs.cairn.info/revue-internationale-et-strategique-2022-4?lang=fr
Merci beaucoup Noémie pour cet article riche de nouvelles perspectives !
Merci Sophie, cela me fait plaisir si cela ouvre de nouvelles perspectives !
Le nouvellement sorti "Perspectives terrestres" est une bonne lecture complémentaire.
Absolument, très bon point !
Réflexion super intéressante, merci Noémie !
Merci Saniya !
Lecture très complète et enrichissante. Merci pour cela.
Grande fan de livres post apocalyptiques, votre post me fait penser aux deux livres d'Eric Costa 2050 / 2050, le mur de l'eau.
D'une certaine manière il réunit les 4 scénarios. Dans ce livre, la France de retrouve coupée en deux, l'eau étant l'élément séparateur et la géopolitique est omniprésente (avec les pays du nord comme sanctuaire ET imposant les contraintes aux pays du sud).
Ça me donne envie de le relire.