Futur(s) est une newsletter hebdomadaire qui raconte les émergences du présent en fictions du futur. J’y partage ma veille et mes réflexions sur l’évolution de nos modes de vie. Nous sommes désormais 8 209 à imaginer les futurs ici.
Cette semaine, je vous partage quelques éléments de retours d’expérience sur une nouvelle année d’expérimentation de design fiction.
A très vite,
Noémie
Formation Design fiction : dernières places disponibles !
En présentiel les 29,30 et 31 janvier à Paris
Trois jours pour explorer les liens entre prospective et design fiction
👁️ Remarquer le changement
💭 Passer de la veille à la pensée prospective
💬 Raconter le changement
🎤 Ouvrir des conversations stratégiques sur les futurs
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Le programme détaillé
Une formation en partenariat avec Mue., éligible au financement par votre OPCO (Micro-entrepreneurs, vous avez aussi des droits à la formation !)
Discutons-en ! (noemie@circa2040.com)
Le design fiction ?
Mes 2 formats préférés de l’année
La maturité vis-à-vis du design fiction a évolué rapidement en quelques années, avec un passage de simples besoins d’acculturation à cet outil, à la nécessité de le mettre au service de questions stratégiques plus ou moins brûlantes. Les techniques se professionnalisent, les compétences s’entrecroisent et donnent naissance à des approches hybrides, qui répondent à des besoins et attentes différentes : futurs souhaitables, design fiction et RSE, futurs spéculatifs pour explorer la rupture, ou penser contre soi-même à la manière de la Red Team…
Pour ma part, j’utilise le design fiction avec l’intention d’ouvrir des questions stratégiques nouvelles, qui auraient eu du mal à émerger avec une approche “traditionnelle”. Ce que l’on peut constater, c’est que les sujets complexes et systémiques n’ont pas manqué cette année comme terrains pour des démarches de design fiction. J’ai aussi remarqué une appétence de plus en plus forte à amener des sujets de prospective et de design fiction au sein d’écosystèmes, de groupements d’entreprises ou de collectifs plus larges que des entreprises. Cela traduit probablement la recherche de nouveaux outils pour aborder la complexité, et l’envie de travailler en alliance.
Parmi les multiples formats testés cette année (le hackathon avec les étudiants en travaux publics, la journée pragma sur le futur du travail à destination de DRH, les ateliers de conversations stratégiques,…) en voici deux que je retiens particulièrement auprès de publics très différents :
🧑🎨 L’atelier design fiction “Les futurs des designers”, construit avec et Mathilde Renault
Il s’agissait d’un format gratuit auto-produit ; nous avions envie d’explorer cette question grâce au design fiction avec des designers pour les mettre en capacité de porter une vision de leur métier et de la prototyper.
Le format en quelques mots (en savoir plus)
Une partie très construite d’immersion avec 4 scénarios prospectifs et des artefacts de contexte assez nombreux pour poser le décor
Une intention d’atelier tournée vers l’écriture d’une fiche de poste pour articuler vision du métier de demain et premiers leviers d’action autour des compétences à acquérir
Ça a bien pris…
Je fais très peu d’ateliers de création de prototypes par les participants, car cela met en difficulté beaucoup de personnes. Je privilégie le fait de proposer moi-même des projections fictionnelles et d’ouvrir une conversation au bon niveau. Mais avec tous ces designers, quel plaisir de les voir embrasser l’outil avec autant de facilité et de créativité pour prototyper eux-mêmes leur vision. Leur capacité de passer très vite de la tête à la main rend l’appropriation très fluide.
✍️ L’atelier mensuel d’écriture prospective
Il s’agit d’une démarche sur le temps long pour muscler le regard prospectif d’un groupe de travail. Le design fiction est là pour enrichir la capacité à visualiser les conséquences du changement. Je l’ai testé dans un cadre réunissant des personnes issues de différents horizons mais regroupées au sein d’un collectif de travail. Ca pourrait aussi très bien marcher dans un contexte d’équipe interne ou une fédération professionnelle entre dirigeants.
Le format en quelques mots
Une veille en amont faite par mes soins sur une thématique spécifique
Le jour J, les participants découvrent les signaux et s’en inspirent pour écrire 2 ou 3 fictions prospectives à partir de consignes d’écriture qui interrogent l’impact de ces signaux sur l’environnement stratégique de l’organisation concernée. On travaille directement dans un Google doc, ce qui permet de voir les productions de chacun, de les enrichir voire de les co-construire
Ça a bien pris…
Un format simple, peu engageant pour les participants, qui représente une bulle de prise de hauteur et de connexion régulière avec des enjeux prospectifs tout en gardant l’esprit ludique du design fiction. J’apprécie ce genre de formats légers, moins dans la pureté du design fiction originelle, mais tout-terrain, pragmatiques, qui font le job de venir questionner et ouvrir de nouvelles perspectives.
🔑 Les point clés que je retiens
Le design fiction, c’est avant tout un exercice de design : la mise en place d’un dispositif de médiation entre des concepts prospectifs complexes et un format d’appropriation sur le fond et la forme qui épouse les besoins des destinataires
A mesure que le secteur mûrit, je vais mettre encore plus d’intention sur la qualité des points de vue prospectifs travaillés en design fiction, mais aussi sur la manière d’amener cette valeur et d’animer la conversation stratégique qui en ressort
Le design fiction un outil trandisciplinaire qui nécessite une palette de compétences très large, de la prospective au design en passant par la facilitation, tout en s’assurant de limiter les angles-morts. Créer des équipes ad-hoc pour des projets de design fiction (ou de prospective d’ailleurs) a été un de mes grands plaisirs cette année, mais aussi un moyen de sécuriser la qualité de la démarche.
2025 nous amènera sûrement de nouvelles préoccupations et modalités de travail, mais je reste convaincue que le design fiction, en lien avec une approche prospective, fera partie de ma boîte à outil de prédilection !
Veille | Observer le présent
🔮 La fin de la barre de recherche
A little, or even a lot, of inefficiency in search has long been the norm; AI will snuff it out. Our lives will be more convenient and streamlined, but perhaps a bit less wonderful and wonder-filled, a bit less illuminated. A process once geared toward exploration will shift to extraction. Less meandering, more hunting. No more unknown unknowns. If these companies really have their way, no more hyperlinks—and thus, no actual web.
(Trad. Un peu, voire beaucoup, d'inefficacité dans la recherche est depuis longtemps la norme ; l'IA l'éliminera. Nos vies seront plus pratiques et rationalisées, mais peut-être un peu moins merveilleuses et remplies d'émerveillements, un peu moins éclairées. Un processus autrefois orienté vers l'exploration se déplacera vers l'extraction. Moins de méandres, plus de chasse. Il n'y aura plus d'inconnues. Si ces entreprises parviennent à leurs fins, il n'y aura plus d'hyperliens, et donc plus de web à proprement parler)
🔮 10% de la force de travail est un robot en Corée
The country had 1,012 robots per 10,000 employees, topping the global list, according to a new survey
(Trad. Selon une nouvelle étude, le pays compte 1 012 robots pour 10 000 employés, ce qui le place en tête de la liste mondiale. )
👁️ La sécession des gens ordinaires - A. Supiot
Ayant le sentiment de n’avoir plus aucune prise sur les décisions qui les concernent, les « gens ordinaires », ceux des classes moyennes et populaires, sont en effet enclins à faire à leur tour sécession. S’il fallait dater l’origine de cette désaffection, il faudrait remonter au Traité de Maastricht, adopté par référendum en 1992, avec une forte participation (près de 70% !), mais un score extrêmement serré (51%). Toutefois la rupture intervient quelques années plus tard lorsque la classe dirigeante refuse de s’incliner devant le résultat du référendum sur la Constitution européenne, rejetée en 2005 avec la même forte participation par près de 55% des votants. En 1992 l’État perd la main sur certaines de ses attributions essentielles, notamment budgétaires et monétaires ; après 2005 les Français réalisent qu’ils ont perdu la main sur l’État, dont le destin se décide désormais ailleurs que dans les urnes. Alors même qu’ils avaient pris au sérieux la question qu’on leur posait et passé des heures à en délibérer en famille et dans les lieux publics, lors du dernier grand débat démocratique qu’ait connu notre pays !
👁️ La mauvaise estimation de la population
Beginning to understand why so many Americans are obsessed with trans issues and panicking about being replaced. They think there are 21x more trans people, 27x more muslims, 15x more jews, 5x more asians, 3x more black people, and 2x more immigrants than there actually are.
(Trad. Je commence à comprendre pourquoi tant d'Américains sont obsédés par les questions trans et paniquent à l'idée d'être remplacés. Ils pensent qu'il y a 21 fois plus de trans, 27 fois plus de musulmans, 15 fois plus de juifs, 5 fois plus d'asiatiques, 3 fois plus de noirs et 2 fois plus d'immigrés qu'il n'y en a en réalité.)
China's low-altitude economy reached $69 billion in 2023, projected to exceed $137 billion by 2026 and $480 billion by 2035, driven by government support, innovation, and rising demand in sectors like tourism, logistics, and urban air mobility. Drones and eVTOL (electric Vertical Take-Off and Landing) as Market Leaders.
(Trad. L'économie chinoise de la basse altitude a atteint 69 milliards de dollars en 2023, et devrait dépasser 137 milliards de dollars en 2026 et 480 milliards de dollars en 2035, grâce au soutien du gouvernement, à l'innovation et à la demande croissante dans des secteurs tels que le tourisme, la logistique et la mobilité aérienne urbaine. Les drones et l'eVTOL (décollage et atterrissage verticaux électriques) en tant que leaders du marché.)
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Le design fiction ça donne vraiment envie !
Comme toujours un plaisir à lire accompagné d’un thé ! L’extrait sur la fin de la barre de recherche est très juste. J’y pensais il n’y a pas longtemps. Que nous restera-t-il de la sérendipité numérique si les IA deviennent la norme dans nos recherches ?