Futur(s) est une newsletter hebdomadaire qui raconte les émergences du présent en fictions du futur. J’y partage ma veille et mes réflexions sur l’évolution de nos modes de vie. Nous sommes désormais 7 882 à imaginer les futurs ici.
Aujourd’hui, je tente de prendre du recul sur les premiers mois de 2024 où quelque chose a encore changé dans le rapport aux futurs que je peux observer en travaillant dans la prospective et le design fiction. C’est une vague assez enthousiasmante en réalité, qui, de mon point de vue d’optimiste, traduit une maturité de plus en plus grande vis-à-vis du temps long et de la préparation aux incertitudes. Je remarque aussi un élargissement des publics intéressés, qui ouvre à des questionnements nouveaux et plus accessibles. Quelque chose de profond me semble être en train de changer dans ce rapport aux futurs - à nous, professionnels du secteur, de considérer cette brèche qui s’ouvre avec la responsabilité qu’elle impose.
Bonne lecture et à très vite,
Noémie
Futurs des Futurs
🚀 La prospective a le vent en poupe
La prospective vit actuellement son "aha moment", ce moment où ça tilte dans l’esprit des gens. Plusieurs facteurs expliquent cet engouement, à commencer par le COVID, qui a profondément bousculé nos certitudes, mais aussi un certain zeitgeist, un climat où l’incertitude domine. Le dernier choc majeur — la dissolution parlementaire en France en juin dernier — a fait voler en éclats les dernières illusions de linéarité. Aujourd’hui, il est évident pour tous que le futur n’est pas prévisible, et chacun cherche de nouveaux outils pour naviguer dans cette incertitude.
A ma petite échelle, j’ai tout de même été surprise d’avoir +350 inscrits en deux semaines au webinar que nous avons imaginé avec Maxime sur la prospective et l’incertitude, trois fois plus que le dernier que j’ai organisé. En réalité, c’est un sujet que nous avons abordé tous les deux sous la forme de conférences pour des sessions de la Convention des Entreprises pour le Climat avant l’été. Ces interventions ont donné lieu à des conversations passionnantes avec les dirigeants présents, avec un niveau de maturité sur ces questions extrêmement élevé. Un lien de plus en plus évident est train de s’opérer dans l’esprit des dirigeants entre prospective et stratégie.
👩🚀 Remettre le futur dans les mains des plus jeunes
En l’espace de quelques jours, je me suis retrouvée en interaction avec des publics assez inhabituels pour moi pour parler prospective : non pas des dirigeants qui souhaitent anticiper le futur de leur entreprise, mais des enfants et des jeunes désireux d'imaginer la société de demain. Tout d’abord, dans la classe de ma fille en CM1, qui répond à un appel à projets de la ville de la Rochelle pour imaginer les modes de vie en 2040. Les enfants ont imaginé un jeu vidéo “Ecocity”, dans lequel ils essaient de représenter leur ville qui aurait réussi la transition écologique. Ils parlent de montée des eaux, d’électricité renouvelable, de végétalisation de la ville le plus naturellement du monde. Un travail formidable qui me pousse à me demander : qu’est-ce que faire ce genre d’exercices à 9 ans changera sur leur manière d’aborder le futur demain ?
Autre projet, celui imaginé par les équipes de la Fédération des Travaux Publics des Pays de la Loire : un hackathon avec des jeunes issus des centres de formation sur le futur de leur métier et des infrastructures. J’ai été impressionnée par leurs idées, à la fois très pragmatiques et en même temps ancrées dans l’envie de prendre en compte les urgences environnementales et sociales. Je ne dévoile pas à ce stade les idées qui ont émergé, elles seront mises en vidéo pour les présenter aux élus et chefs d’entreprise du territoire, à qui nous laissons la primeur de les découvrir.
Ces deux expériences m’ont renforcées dans l’idée qu’il n’y a pas d’âge pour envisager le futur, ce que j’avais déjà senti en intervenant il y a quelques années dans le cours de Thomas Gautier à l’EM Lyon. Au contraire, il faut stimuler cette capacité à se projeter et à développer une vision. Pour cela, le design fiction est un formidable outil de médiation pour rendre accessible des réflexions parfois intimidantes ou trop complexes.
🎯Le sujet 2025
L’autre signal qui m’interpelle beaucoup en ce moment arrive du monde des RH. J’ai toujours voulu parler aux DRH, j’ai l’impression d’avoir tant à échanger avec eux sur le futur du travail. Et je dois dire que jusqu’à l’année dernière, la conversation était assez unilatérale :)
Cette année a, de mon point de vue, marqué un tournant : l’exercice de vision semble avoir vraiment commencé. Et on le comprend, tellement les sujets en lien avec le futur des RH sont complexes et systémiques : ruptures technologiques, crise environnementale, vieillissement de la population, toutes ces mégatendances vont continuer d’impacter le rapport au travail, dans un contexte de fragmentation sociale qui peut nous laisser penser que “le” rapport du travail est en réalité multiple. Les prochaines années pour les RH s’annoncent à la fois passionnantes et bouleversantes, avec une grande responsabilité vis-à-vis des hommes et de la planète pour envisager le futur du travail dans leur organisation.
⏭️ Quels futurs pour les futurs ?
Tout cela dessine probablement des pratiques de la prospective qui vont devenir très hétérogènes en fonction des objectifs et des publics adressés. A titre personnel, la perspective de travailler avec des personnes habituellement éloignées de ces approches est particulièrement enthousiasmante, et appelle à élargir la palette de la prospective pour imaginer de nouveaux formats. Avec un défi : aider chaque personne à muscler son empathie avec les futurs sans dénaturer l’approche au risque de “gadgétiser” la prospective.
Réel | Observer le présent
Les changements autour de nous pour décrypter un monde bouleversé et bouleversant
I will be the last. Of this I am sure. But my cohort feels it too. I will be the last to really read books. The last to really write for myself. The last to be confused and lost in thought. The last to make connections as I walk. The last to be assessed as human alone. I am the last in a landscape of havoc and fracture, looking on as we cling to the past as if it is our answer.
(Trad. Je serai le dernier. J'en suis sûr. Mais ma cohorte le ressent aussi. Je serai le dernier à vraiment lire des livres. Le dernier à vraiment écrire pour moi-même. Le dernier à être confus et perdu dans ses pensées. Le dernier à établir des liens en marchant. Le dernier à être évalué en tant qu'être humain. Je suis le dernier dans un paysage de ravages et de fractures, à regarder comment nous nous accrochons au passé comme s'il était notre réponse.)
👁️ Confiance excessive dans les IA
In simulated life-or-death decisions, about two-thirds of people in a study allowed a robot to change their minds when it disagreed with them -- an alarming display of excessive trust in artificial intelligence, researchers said.
(Trad. Lors de simulations de décisions de vie ou de mort, environ deux tiers des participants à une étude ont permis à un robot de changer d'avis lorsqu'il n'était pas d'accord avec eux, ce qui constitue un signe alarmant de confiance excessive dans l'intelligence artificielle, selon les chercheurs.)
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