Futur(s) | Partir ou rester ?
Et si, demain, l'endroit où l'on habite était le choix de vie le plus déterminant ?
Futur(s) est une newsletter hebdomadaire qui raconte les émergences du présent en fictions du futur. J’y partage ma veille et mes réflexions sur l’évolution de nos modes de vie. Nous sommes désormais 6 104 à imaginer les futurs ici.
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Noémie - noemie@circonflexe.studio
Fiction | Contes du futur
Un futur possible, inspiré par le présent, ses tendances et ses signaux faibles.
Partir ou rester ? Cette question, qui est restée pendant plusieurs années une petite musique de fond, redevient de plus en plus présente dans vos conversations et vos réflexions. Vous vous étiez déjà frotté·e à ce questionnement il y a quelques années. C’était alors l’époque où il était devenu possible de choisir où vivre grâce à de nouvelles organisations du travail. Vous aviez donc déménagé pour améliorer votre qualité de vie, en profitant d’un travail flexible. Mais depuis, le contexte climatique a changé la donne.
Vous vous souvenez de ce que les générations plus anciennes racontaient : autrefois, on se demandait si on devait rester ou partir de l’endroit où l’on habitait pour vivre une vie meilleure, trouver du travail, s’accomplir. Les plus talentueux pensaient échapper à leur destin en partant. Rester ou revenir ? Parmi les talentueux qui avaient exploré le monde, certains se sont ensuite posés aussi la question de revenir pour renouer avec leurs racines ou leur cercle proche.
Aujourd’hui, on se pose encore cette question de rester ou partir, mais pas pour les mêmes raisons. Les indicateurs de qualité de vie ont du coup complètement changé. Celle-ci ne se mesure plus en regardant le niveau de pollution, la distance des équipements ou le pouvoir d’achat local. Maintenant, les classements des villes où il fait bon vivre parlent avant tout de sécurité climatique. Du coup, une nouvelle forme de tourisme s’est développée : certains ont passé les dernières années à explorer les édens climatiques ou autres villages résilients, scrutant les paramètres topographiques et climatiques de chaque territoire à la recherche de l’endroit le plus sûr où vivre.
De votre côté, après une longue période d’attentisme, vous avez consciemment choisi de rester là où vous habitez depuis plusieurs années. Vous ne vous voyez pas fuir. Et puis, pour partir où ? Vous vous investissez donc dans votre communauté locale, ainsi que dans l’adaptation de votre ville et de votre logement aux défis futurs. Vous apprenez à comprendre les changements auxquels vous allez être confrontés. Toute cette implication locale prend du temps, mais est en même temps extrêmement gratifiante. Toutefois, vous vous gardez bien de parler à vos voisins de votre grand projet du moment : vous acheter un refuge secondaire dans le Cantal…
Veille | Les coulisses
Les tendances et signaux faibles derrière la fiction
I can also predict the questions people will ask later, privately, as the crowd drifts out of the auditorium. One—”is it okay for me to have a kid?”—is almost unbearably painful; no one should have to ask it. The other—”where should I move”—is a (little) less traumatized. And I think it’s on a lot of minds, especially right now, as it becomes clear that many parts of our earth won’t be habitable going forward.
(Trad. Je peux également prédire les questions que les gens poseront plus tard, en privé, lorsque la foule quittera l'auditorium. L'une d'entre elles - "Est-ce que je peux avoir un enfant ?" - est presque insupportablement douloureuse ; personne ne devrait avoir à se la poser. L'autre - "où dois-je déménager" - est (un peu) moins traumatisante. Je pense que cette question préoccupe beaucoup de gens, surtout en ce moment, alors qu'il devient évident que de nombreuses régions de notre planète ne seront plus habitables à l'avenir.)
🔮 Devenir une personne de quelque part
Time and time again I keep arriving at the same conclusion, one of the most potent frameworks we can adopt to reinforce climate-positive behavior is becoming a person of place. […] Becoming a person of place makes long-term investments desirable, because the future becomes more valuable to you. Those who have committed to a place, an ecosystem, a community, feel those as an extension of themselves. They cheer for their place like a favorite sports team, they envision its success beyond and after themselves.
(Trad. J'en arrive toujours à la même conclusion : l'un des cadres les plus efficaces que nous puissions adopter pour renforcer les comportements favorables au climat est de devenir une personne de quelque part. [...] Devenir une personne de quelque part rend les investissements à long terme souhaitables, parce que l'avenir a plus de valeur pour vous. Les personnes qui se sont engagées dans un lieu, un écosystème, une communauté, les ressentent comme une extension d'elles-mêmes. Ils encouragent leur lieu comme leur équipe sportive préférée, ils envisagent son succès au-delà d'eux-mêmes et après eux.)
🔮 L’importance de l’endroit - Hommage à Joan Didion
“You have to pick the places you don’t walk away from.”
One does not only need courage to leave a place but courage to stay.
(Trad. "Il faut choisir les endroits que l'on ne quitte pas. Il faut non seulement du courage pour quitter un endroit, mais aussi du courage pour y rester.)
👁️ Comment la Creuse est devenue un éden climatique
En un an, le service attractivité du conseil départemental de la Creuse a traité huit cents demandes d’installation, émanant pour l’essentiel de trentenaires. A sa tête, Mickael Morand résume le changement d’image en cours : « La Creuse, ce n’est plus l’endroit froid au milieu de nulle part. C’est un territoire préservé. » Miracle du dérèglement climatique !
👁️ Vivrovert
👁️ Périurbanisation bi-résidentielle
Comme la mer, lentement mais sûrement, l’aléa climatique monte… au cerveau de l’acheteur. Le géographe Guilhem Boulay imagine, pour l’avenir, une « périurbanisation birésidentielle ». En d’autres mots : « Seront revalorisés des endroits plus frais en périphérie de villes où il y a de l’argent, comme Lyon, Grenoble ou Nice. Sur les hauteurs autour de Grenoble, les prix augmentent déjà. Les retraités et les télétravailleurs alterneront, non loin de chez eux, entre résidence principale et secondaire. En Andalousie, au Liban, les familles les plus aisées passent l’hiver en plaine, l’été en montagne. » Face au réchauffement, l’estive comme art de l’esquive.
Réel | Observer le présent
Les changements autour de nous pour décrypter un monde bouleversé et bouleversant
The key thing to understand here, is that it’s not only that the new, finished model needs to be novel and better than the old one. But that we also need to use new, post conventional and better designs, blueprints, materials, language and tools to build that new model. On top of that, we also need to reconceptualize what we mean by “changing something“ as it, in its conventional sense, implies having control over the system which originates from the idea of Separationism. We cannot control systems and we therefore cannot change them. What we can do, however, is evolve systems through an elevated consciousness and a new mode of living
(Trad. Ce qu'il faut bien comprendre ici, c'est que le nouveau modèle fini ne doit pas seulement être nouveau et meilleur que l'ancien. Nous devons également utiliser des conceptions, des plans, des matériaux, un langage et des outils nouveaux, post-conventionnels et meilleurs pour construire ce nouveau modèle. En outre, nous devons également reconceptualiser ce que nous entendons par "changer quelque chose" car, dans son sens conventionnel, cette expression implique un contrôle sur le système, ce qui découle de l'idée du séparatisme. Nous ne pouvons pas contrôler les systèmes et nous ne pouvons donc pas les changer. Ce que nous pouvons faire, cependant, c'est faire évoluer les systèmes grâce à une conscience élevée et à un nouveau mode de vie)
Each contest convenes dozens of people in a predetermined area, often a large city park. All of them then join a group on Amap, a Chinese Google Maps alternative, and share their live location. Among the participants, 90% are designated as “mice” and have five minutes to run and hide. Then the rest, who are “cats,” will go out and hunt down each mouse with the help of the location sharing, as well as a neon wristband that visually separates them from nonparticipants. Once caught, the mice switch teams and join the cats, so the game gets harder and harder for the remaining mice.
(Trad. Chaque concours rassemble des dizaines de personnes dans une zone prédéterminée, souvent un grand parc urbain. Toutes ces personnes rejoignent ensuite un groupe sur Amap, une alternative chinoise à Google Maps, et partagent leur position en direct. Parmi les participants, 90 % sont désignés comme "souris" et disposent de cinq minutes pour courir et se cacher. Les autres, les "chats", partent à la recherche de chaque souris à l'aide de la géolocalisation et d'un bracelet néon qui les sépare visuellement des non-participants. Une fois attrapées, les souris changent d'équipe et rejoignent les chats, ce qui rend le jeu de plus en plus difficile pour les souris restantes.)
👁️ Perplexity : l’alternative à Google ?
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