Futur(s) est une newsletter hebdomadaire qui raconte les émergences du présent en fictions du futur. J’y partage ma veille et mes réflexions sur l’évolution de nos modes de vie. Nous sommes désormais 6 211 à imaginer les futurs ici.
Nous avons imaginé cette édition avec Camille Rabineau, fondatrice de Comme on travaille, une de mes complices sur les sujets du futur du travail. Camille accompagne les projets d’aménagement de bureaux avec une approche collective et humaine. Autant dire qu’elle a un point de vue aiguisé sur les enjeux actuels et futurs du bureau.
Nous nous sommes donc posées la question suivante : trois ans et demi après la première expérimentation à grande échelle du télétravail, comment entrevoir le futur du bureau ?
Voici notre contribution-discussion en quatre scénarios et en quatre projections. Quel est le scénario qui vous semble le plus probable ? On attend vos retours !
Noémie - noemie@circonflexe.studio & Camille - camille@commeontravaille.fr
Fiction | Contes du futur
Un futur possible, inspiré par le présent, ses tendances et ses signaux faibles.
Scénario #1 | Le grand retour du présentiel
⏩ L’hypothèse de Camille : Et si, demain, à la faveur de la crise des années 2023-24, le bureau faisait son grand retour et la capacité à accepter au moins 4 jours de présentiel servait de filtre aux recrutements ?
Dans un revirement inattendu encouragé par le recul du marché de l’emploi, les employeurs sonnent la fin de la fête du télétravail, entraînant un grand remue-ménage du travail. Incapables de remplir leurs objectifs de présence sur site, les télétravailleurs partis en région démissionnent en masse pour prendre des jobs locaux ou se mettre à leur compte.
👁️ La projection de Noémie : le train comme espace de travail reconnu, une revendication des navetteurs
Les navetteurs réclament que le train soit reconnu comme espace de travail et que le temps de travail qui y est réalisé soit intégré dans les journées de travail en présentiel. Ils espèrent ainsi pouvoir restreindre leur présence dans les bureaux classiques à des créneaux entre 10h30 et 15h pour honorer leurs quatre jours de présence sur site tout en maintenant leur équilibre de vie.
Pour aller plus loin :
Scénario #2 | La concentration sacralisée
⏩ L’hypothèse de Camille : Et si, demain, le droit à la concentration faisait son apparition dans le code du travail ?
Après des années de développement des espaces « collaboratifs » « informels » et « de convivialité », le bureau se ré-équilibre et les employeurs sont tenus d’offrir un ratio minimum d’espaces calmes et individuels pour répondre au nouveau risque professionnel, le « laugh out » : quand les salariés passent trop de temps à interagir et s’adonner à des activités ensemble, ne parvenant plus à réaliser leur travail individuel ni à mesurer leur impact personnel sur le résultat collectif.
👁️ La projection de Noémie : La salle de pause cognitive
Nouvelle obligation légale : 10 minutes de pause cognitive par jour dans la salle de repos sans onde ni sollicitation pour recharger sa capacité de concentration
Pour aller plus loin :
Scénario #3 | Les privilèges du salarié
⏩ L’hypothèse de Camille : Et si, demain, dans un monde de freelances, le bureau devenait le club privé des salariés ?
Avec le recours de plus en plus important aux indépendants par les entreprises, le bureau se fait le lieu exclusif de la communauté de happy fews qui appartiennent vraiment à l’entreprise quand l’essaim des ressources externalisées ne peut s’y rendre que sur invitation et dans quelques salles de réunion bien délimitées, tel le plus commun des visiteurs.
👁️ La projection de Noémie : Le coffee-shop à côté de l’accueil pour les externes, les bureaux labellisés “Great Place for Employees” pour les salariés
On y reçoit ses rendez-vous extérieurs autour d’un café, ce qui permet de les faire à domicile sans faire rentrer les externes dans les locaux privatifs. Depuis certaines places du café, on peut apercevoir au travers des baies vitrées les espaces de travail réservés aux salariés, labellisés “Great Place For Employees” et photographiés dans les pages des plus grands magazines de déco. De quoi attiser la jalousie des freelances reclus dans le café !
Pour aller plus loin :
Scénario #4 | Le travail sobre
⏩ L’hypothèse de Camille : Et si, demain, dans un monde de l’après-pétrole, le bureau était ce coworking de quartier où se prépare la résistance aux crises et où s’enseigne l’école de la survie, de l’entraide et du no-tech ?
Après l’aggravation sans retour de la crise climatique, la géographie du travail a opéré un revirement à 180° et s’organise en unités locales à chaque pâté de maison. Les travailleurs de la connaissance peuvent travailler en ligne à condition d’avoir validé leur brevet de sobriété numérique et de participer à des actions de résilience pour la communauté.
👁️ La projection de Noémie : Le réseau Internet de travail décentralisé
Ce réseau permet aux travailleurs de la connaissance de créer un système Internet redondant en cas de coupure ou de baisse du débit
Pour aller plus loin :
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Si vous souhaitez en savoir plus sur mon métier, c’est par ici
Toujours une réelle satisfaction que de vous lire.
Excellent!