Futur(s) | Paradis artificiels
Vous inspirez un grand coup avant votre réunion avec les ressources humaines. Vous enfilez rapidement votre casque de réalité virtuelle, et prenez quelques minutes pour choisir minutieusement...
Fiction | Contes du Futur
L'actualité du futur, inspirée par le présent, ses tendances et ses signaux faibles.
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Vous inspirez un grand coup avant votre réunion avec les ressources humaines. Vous enfilez rapidement votre casque de réalité virtuelle, et prenez quelques minutes pour choisir minutieusement votre avatar. Lors de cet entretien, vous souhaitez évoquer votre prochain poste dans l'entreprise. Votre apparence aura donc une importance non négligeable. Vous ne voulez pas apparaitre trop jeune, ni trop vieux. Etre un homme aidera logiquement dans le rapport de force. Vous choisissez donc votre avatar préféré, l'homme blanc de quarante ans, portant un t-shirt noir et un jean. Classique.
(Sur la réalité virtuelle en entreprise et les attentes des collaborateurs)
Vous entrez en réunion avec votre casque de réalité virtuelle. Vous êtes un peu déboussolé.e par le lieu de la réunion choisi par votre interlocuteur. Il ou elle a choisi un stade de foot (bon probablement "il"). D'habitude, les ressources humaines ont plutôt tendance à rester dans un cadre très corporate.
Vous vous installez tranquillement dans les gradins, vous n'êtes pas le plus en retard. Une notification sonore vous informe de l'arrivée imminente de votre interlocuteur. C'est une jeune femme d'environ vingt-cinq ans qui se présente à vous. Au vu de ses vêtements, inexistants dans la base de données des avatars, vous vous dites qu'elle n'a pas modifié son apparence pour cette réunion, et qu'il s'agit de son image réelle.
Vous sentez une petite angoisse monter en vous. Les jeunes et vous, vous ne vous comprenez pas. Mais vraiment pas... Déjà, quelle idée de ne pas modifier son apparence au travail ? Qui peut bien avoir envie de dévoiler son profil personnel dans le monde professionnel ? Sûrement une Youtubeuse ratée qui se reconvertit dans les ressources humaines...
(Sur le rapport des jeunes à la technologie, et ce à côté de quoi les adultes passent, un bel essai écrit par un ado. Sur les métiers qui font rêver les jeunes. Et sur le fossé générationnel, un excellent article déjà cité en 2019 ici, que j'ai retrouvé avec plaisir dans les prédictions de Azeem Azhar)
Elle vient s'assoir à côté de vous, et vous entamez la discussion de manière décontractée. Vous évoquez ensemble vos dernières réalisations, et vos ambitions futures. La fin de l'entretien approche, et vous vous sentez en bonne posture. C'est alors que votre interlocutrice affiche votre dossier d'empreinte écologique, peu glorieux. Elle vous détaille votre comportement environnemental professionnel qui, vous en avez conscience, est loin d'être exemplaire, malgré votre bonne volonté : des recherches Google qui dépassent le quota, un refus d'être équipé d'un smartphone reconditionné, et un recours trop fréquent aux modes de transport carbonés.
Votre interlocutrice met fin à l'entretien de manière assez abrupte en vous annonçant que cela risque de vous coûter cher dans votre évolution de carrière. Abasourdi, vous préférez rester assis dans les gradins virtuels pendant de longues minutes pour digérer la nouvelle...
(Sur le numérique responsable, voir la rubrique suivante)
Photo by Bruce Christianson on Unsplash
Décodage | Le nouveau normal
Les tendances, usages et business qui passent de la marge au normal.
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Le numérique responsable, levier de la transition écologique
On parle zéro déchet, consommation de viande ou voyage en avion pour réduire son impact écologique. Mais nos usages numériques ont aussi un impact non négligeable : le numérique représente autant d'émission de gaz à effet de serre que l'aviation civile et 10% de la consommation électrique en France. Au final, il compte pour 10% de notre empreinte carbone.
Quelques problèmes...
1/ Les devices en tant que tel : ils posent d'énormes questions du point de vue des ressources et de l'énergie exploitées, des conditions et modalités de production, et des options de recyclage
2/ Nos usages croissants dans une industrie énergivore : une requête Google consomme 10g équivalent C02.
3/ L'UX addictive : la fonction lecture automatique sur Youtube, qui lance automatiquement la prochaine vidéo à la fin de celle que vous visionnez, représente à elle-seule 323K tonnes équivalent C02
4/ L'effet rebond : "l'enfer numérique est pavé de bonnes intentions numériques", ou comment les bonnes idées finissent souvent par être détournées (pensez à la bande passante que l'on trouve toujours insuffisante alors qu'elle ne cesse d'augmenter...)
Quelques solutions à notre échelle
1/ Prendre la mesure et mettre des chiffres sur ces réalités de consommation
2/ Penser "Analyse du Cycle de Vie" : la fabrication d'un smartphone, c'est 85% de son empreinte carbone, et son usage seulement 15% (faible coût de l'énergie et durée d'utilisation courte). Car le premier levier, c'est évidemment de ne pas acheter.
3/ Penser des produits et services Utiles, Utilisables, et Utilisés (les 3U) : ils doivent servir un besoin, être accessibles à tous, et la fin de vie doit être intégrée dans la réflexion dès la conception
4/ Nettoyer ses données, et arrêter de stocker dans le cloud
5/ Choisir l'énergie la moins impactante pour la planète (Enercoop)
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Toutes ces données - et la citation :) - sont issues du cours de Vincent Courboulay de l'Institut du Numérique Responsable auquel j'ai eu la chance d'assister. Une certification d'utilité publique, parlez-en à votre RH :)
Réel | Le présent du travail
Mes articles préférés pour trouver sa place dans un monde du travail bouleversé et bouleversant
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👉 Un bingo pour apprendre à ses enfants ce qu'est l'intelligence artificielle (et en profiter pour affiner sa compréhension) - en anglais
👉 Immanquable - en anglais : Laetitia Vitaud lance sa newsletter sur le futur du travail avec une sensibilité féministe. La première édition était super, décryptant notre rapport aux emails et aux newsletters. Mise en abîme quand tu nous tiens ! A découvrir ici
Et surtout, belle année 2020 à vous, que je vous souhaite pleine d'imaginaires et de futurs désirables pour vous donner envie de passer à l'action !
Noémie
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Et n'hésitez pas à transférer aux personnes que ça pourrait intéresser !
Je suis Noémie Aubron, fondatrice de La mutante et business designer. Je collabore avec les organisations pour construire leur stratégie de réinvention et leurs relais de croissance de demain.
Cette newsletter de design fiction donne des éclairages sur le présent, ses tendances et ses signaux faibles pour naviguer dans la complexité de notre époque.
Et mon autre dada, c'est le futur du travail et comment y trouver sa place 👉 Lundis Radieux
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❤, check du futur