Futur(s) | En grève digitale !
Vous déposez ce matin les enfants à l'école à leur matinée d'éducation numérique. Vous avez pris la décision de les inscrire à ce cours pour leur permettre d'avoir un jugement critique vis-à-vis...
Loin de moi l'idée de vous déstabiliser en ces jours de rentrée...
Et pourtant, après un temps de pause et de réflexion estival, vous trouverez une édition de Futur(s) quelque peu remaniée pour vous amener toutes les semaines un contenu encore plus pointu en termes de prospective, de signaux faibles et de tendances business.
L'idée de cette newsletter est d'apporter une perspective sur un présent complexe. Toutes les semaines, grâce à un futur probable, chacun peut se projeter dans la fiction et s'en servir comme d'un outil d'éclairage du présent.
Avec cette nouvelle mouture, j'espère toujours vous faire naviguer entre demain et aujourd'hui. J'aime écrire cette fiction toutes les semaines car elle me force à prendre du recul en pensant usages et impacts plutôt que technologie et temps courts.
J'ai aussi très envie d'apporter davantage de perspectives analytiques sur le présent, pour mieux décider et surtout agir. Je rajouterai donc toutes les semaines quelques lignes de décodage sur les tendances, usages et business qui flirtent avec les marges et les normes, et qui ont en partie inspiré la fiction de la semaine.
Et vous aurez toujours ma curation pour aider chacun à naviguer dans le présent du travail, toujours plus bouleversé et bouleversant.
Parce que c'est ce qui me passionne dans ce monde en ébullition : comprendre aujourd'hui, imaginer demain et s'adapter.
Vous me direz ce que vous en pensez ?
Et n'oubliez pas de partager la newsletter...
Bonne lecture !
Fiction | Contes du Futur
L'actualité du futur, inspirée par le présent, ses tendances et ses signaux faibles.
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Vous déposez ce matin les enfants à l'école à leur matinée d'éducation numérique.
Vous avez pris la décision de les inscrire à ce cours pour leur permettre d'avoir un jugement critique vis-à-vis de la technologie et de son utilisation suite à quelques discussions corsées avec le directeur de leur école. Vous avez exprimé votre désaccord sur l'utilisation de l'intelligence artificielle dans l'apprentissage, et le directeur a fini par vous traiter de "marxiste du numérique"...
Vous avez donc opté pour ce cours qui doit préparer les enfants à la pensée critique technologique.
Au petit-déjeuner, vous avez bien préparé votre fille en lui répétant de ne plus appeler son robot par son petit surnom. Le prof d'éducation numérique a bien insisté là-dessus, cette proximité affective doit absolument disparaitre...
(Sur la nécessité d'apprendre aux enfants à considérer les robots comme des objets, et sur des parents qui bataillent contre la présence irraisonnée de la technologie dans les écoles)
De retour à la maison, un café et c'est parti pour la journée de travail.
Vous allumez votre ordinateur et vous connectez sur l'interface de votre coopérative de travailleurs du numérique. Cela ne fait pas longtemps que vous avez rejoint cette initiative, mais vous aviez vraiment envie de rejoindre un collectif suite à votre combat.
En effet, le syndicat des travailleurs numériques vous a beaucoup aidé dans votre grève digitale contre Youtube afin de faire appliquer la Loi des Travailleurs Numériques votée l'année dernière. Vous avez ainsi pu mobiliser les plus grands Youtubeurs autour de la cause. Vous avez tous, de manière coordonnée, arrêté de publier du contenu pendant plus d'un mois. A l'issue du bras de fer, en tant que donneur d'ordre principal de votre activité, la plateforme a finalement été contrainte à prendre en charge vos dépenses de mutuelle santé et à contribuer à vos cotisations retraite.
(Voir le décodage ci-dessous. Et un petit détour pas si lointain que ça par les budgets des foyers américains par âge)
Vous rejoignez la conférence-réunion prévue ce matin pour passer en revue l'actualité de la coopérative. Un sujet urgent doit être abordé : le responsable de l'éthique a reçu un avertissement de la part du Ministère de la Transition Ecologique car le site internet de la coopérative ne remplit pas les critères low-tech introduits en début d'année.
Si le site n'est pas modifié d'ici 10 jours, il sera fermé. Et personne dans l'équipe n'est disponible dans les prochains jours pour prendre en charge la refonte bénévolement. Misère, vu votre budget et le timing, vous n'avez d'autre choix que de faire appel à un micro-travailleur indien...
(Sur le design de sites low-tech)
Décodage | Le nouveau normal
Les tendances, usages et business qui passent de la marge au normal
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Terme de plus en plus utilisé, la "tech-company" ne désigne plus uniquement les entreprises vendant des logiciels.
Non, c'est désormais une catégorie d'entreprises dont le modèle économique repose sur plusieurs critères.
- Elle crée des écosystèmes (comme les hôtes et les guests de Airbnb)
- La production d'une unité supplémentaire ne lui coûte rien (par exemple, pour chaque consultation d'un show sur Netflix, le coût devrait être bas)
- Elle est en constante amélioration (Pensez à toutes les nouvelles fonctionnalités livrées sur Uber)
- Elle peut facilement distribuer son produit dans le monde
- Vendre ou distribuer son produit ne lui coûte rien (Vous pouvez réserver vous-même votre séjour sur Airbnb)
A la lecture de ces lignes, on comprend bien l'intérêt de cette économie d'un point de vue capitalistique : un investissement important à l'origine pour construire un produit et un marché, puis des bénéfices et des retours sur investissement potentiellement illimités.
Pour en savoir plus, l'excellent article de Stratechery sur le sujet, et un bon sujet de réflexion autour du cas Peloton.
Ce modèle économique est aussi très souvent un modèle social : celui de la décentralisation.
On n'en finit plus de conter les ravages sociaux de ce modèle qui déplace la responsabilité sur des acteurs non connectés entre eux, donc vulnérables et souvent dépendants. Avec en ligne de mire dans les visions moyen-terme de ces modèles un remplacement des travailleurs par des machines.
Que l'on parle d'ubérisation, de travail fantôme, de travail à la tâche ou de sous-traitance, les conditions de travail ont souvent en commun une protection insuffisante et une pression en termes de qualité qui implique des objectifs élevés et surveillés.
Ce modèle accentue également le phénomène des travailleurs précaires, dont le revenu ne suffit plus à couvrir le coût de la vie.
Certains dénoncent une nouvelle forme d'esclavagisme, dont les enjeux sociaux ne peuvent plus être ignorés.
Mais la résistance s'organise et ces travailleurs, face à des gouvernements et des syndicats dépassés par les événements, organisent des grèves et manifestations digitales. Les Youtubers ont également demandé de l'aide au syndicat de la métallurgie allemand pour créer leur Youtube Union.
De quoi entamer la structuration d'un embryon de dialogue social, dans lequel la puissance publique doit trouver sa place.
Crédit Illustration : Michelle Thompson for BuzzFeed News
Réel | Le présent du travail
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Je suis Noémie Aubron, fondatrice de La mutante et business designer. Je collabore avec les organisations pour construire leur stratégie de réinvention et leurs relais de croissance de demain.
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