Futur(s) | La croisière s'amuse
Et si, demain, le train permettait au tourisme de renouer avec l'hospitalité ?
Futur(s) est une newsletter hebdomadaire qui raconte les émergences du présent en fictions du futur. J’y partage ma veille et mes réflexions sur l’évolution de nos modes de vie. Nous sommes désormais 6 981 à imaginer les futurs ici.
Il ne reste plus que quelques places pour la formation au design fiction qui aura lieu les 5, 6 et 7 juin 2024 à Paris - mais encore assez de temps pour faire une demande de financement à votre OPCO.
Parlons-nous vite si cela vous intéresse : noemie@circa2040.com
J’ai eu le plaisir d’être invitée à collaborer à la dernière édition de la revue Espaces, la publication de référence du secteur du tourisme. Le brief était le suivant : écrire trois fictions prospectives sur le train et le voyage. Avec l’autorisation de la revue, je vous propose de découvrir ici un des trois récits publiés.
Le sujet m’a évidemment tout de suite parlé. Le chemin de fer, symbole intemporel du voyage, est devenu en quelques années investi d’une nouvelle mission : faire perdurer notre soif de voyages sur une planète dont on atteint aujourd’hui les limites. Ce faisant, les acteurs du tourisme et des territoires font face à un défi de taille : développer de nouveaux imaginaires de l’hospitalité, et tisser des récits de voyage inspirants. La tâche est à la fois ardue mais aussi enthousiasmante. Elle se confronte directement aux tensions sur nos modes de vie, soumis à des injonctions de sobriété et à des désirs de pérennité. Comment réinventera-t-on des modes de vie à la fois soutenables et désirables ? Le tourisme est évidemment à la croisée de tous ces questionnements. Si le train semble être une partie de la réponse, il nous faut imaginer tout le reste : ces nouveaux récits du voyage.
Alors, à quoi pourrait ressembler le voyage en train du futur ?
Bonne lecture,
Noémie
Futur(s) | Fiction prospective
Un futur inspiré des émergences du présent
Vous attendez d’embarquer pour cette croisière depuis des mois. L’évocation de ce voyage vous transporte à chaque fois dans un univers mêlant confort, aventure, nature et rencontres. Toutes ces impressions sont sûrement en grande partie de l’ordre du fantasme, car c’est la première fois que vous embarquez pour une croisière. Alors oui, vous avez bien dû faire une croisière en bateau il y a une vingtaine d’années. Mais ce n’est pas de cela dont il s’agit. Ces croisières anciennes générations ont énormément perdu en popularité, et il a fallu le génie de jeunes entrepreneurs pour faire renaître de ses cendres ce concept de voyage, en cohérence avec l’époque. Donc finis les gros paquebots d’antan, exit les escales de quelques heures, et terminées les activités habituelles.
A vous aussi, il vous a fallu du temps pour comprendre à quoi pourrait ressembler cette croisière nouvelle génération. Et bien, déjà, il faut imaginer un voyage sur les rails. Pendant deux mois, un train couchette sillonne la France. Il y a beaucoup de choses qui vous ont séduit dans ce nouveau genre de voyage, mais ce train… C’est probablement ce qui a achevé de vous convaincre de rentrer votre numéro de carte bleue. Il s’agit d’un TGV comme on a pu en connaître dans les années 2020, mais totalement repensé dans son agencement intérieur par des as de la décoration ingénieuse : des matériaux de récup donnent au wagon une esthétique presque marine, tandis que des dispositifs low-tech permettent d’assurer un niveau de confort minimal dans des conditions d’isolement extrême. Cela est très utile pour les travailleurs nomades, dont vous faites partie, qui emmèneront leur ordinateur au cours du périple. Vous ne pensiez pas que ce type de voyage en pleine nature serait compatible avec le télétravail, mais manifestement, tout a été pensé pour !
Car c’est bien le principe du trajet emprunté par ce train : explorer des chemins de fer dans des territoires préservés, et s’arrêter en dehors des sentiers battus. Ici, nul besoin d’une gare pour marquer un arrêt, la croisière est ponctuée d’arrêts dans des endroits presque sauvages. En tant que voyageur, on ne connaît pas le trajet à l’avance : les organisateurs doivent négocier avec les villages traversés. Ce n’est pas chose facile car nombre de ces territoires s’estiment préservés grâce à leur politique d’hospitalité sélective. Il faut en effet être invité en tant que touriste pour espérer pouvoir séjourner dans certains villages. C’est d’ailleurs un argument important pour vous dans ce voyage, car se faire inviter dans ces villages que l’on dit magnifiques relève du parcours du combattant ! Au moins, les relations avec l’Office National des Voyageurs Invités sont centralisées par l’agence de voyage, ce qui facilite grandement les choses. Et de fait, c’est à eux de gérer la multitude de règlements locaux de tourisme qui ont émergé : là, on interdit les photos et les posts Instagram, ici il faut participer à un tirage au sort pour obtenir un ticket d’entrée, ou encore là-bas, on a un quota de consommation de ressources à destination des touristes,... Quelques villages acceptent que les trains s’arrêtent chez eux, mais pas que les voyageurs en descendent. De quoi s’y perdre et craindre en permanence de faire un impair !
La part de mystère sur l’itinéraire s’ajoute à la promesse d’activités plus originales et enrichissantes les unes que les autres : le programme est travaillé en lien avec les habitants de chaque lieu visité, mais surtout, les participants ont été sélectionnés par affinités réciproques. Il n’y a pas à dire, ce voyage s’annonce bien !
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