Futur(s) | Empathie algorithmique
Et si demain, on apprenait à communiquer avec les algorithmes ?
Fiction | Contes du Futur
Un futur possible, inspiré par le présent, ses tendances et ses signaux faibles.
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Ca y est, votre cours de communication homme-machine touche à sa fin ! Le temps vous a semblé bien long... Probablement parce que vous vous trouvez particulièrement médiocre pour comprendre les esprits tortueux des algorithmes. Ce cours vous a été suggéré par une amie, qui a pu observer avec pitié vos difficultés à interagir avec votre moteur de recherche. C’est vrai que, depuis la crise sanitaire, l’habitude de communiquer à distance s’est durablement installée, et les interfaces numériques se sont déployées à vitesse grand V.
Votre amie maîtrise parfaitement la communication homme-machine, et se forme désormais à l'art de la conversation avec un algorithme. Il parait que l'on peut nouer des relations assez fusionnelles, pour peu que l'on sache dialoguer avec ces petites choses. Cet art de la conversation serait, selon elle, un moyen de mettre en confiance l'algorithme et de ce fait permettrait d'influencer certaines de ses décisions. Elle vous a donné quelques astuces, sur la manière notamment de formuler le problème que l'on veut résoudre de manière itérative, afin d'adapter le questionnement aux sensibilités de la machine.
Vos premiers travaux pratiques ont été assez catastrophiques, et vous avez abouti à plusieurs impasses conversationnelles des plus embarrassantes. L'avantage est que l'on peut s'entrainer sur des environnements de test, et ainsi effacer toutes les traces de ces essais pitoyables. La machine n’en gardera aucun souvenir. Après une douloureuse remise en question, vous avez pris conscience de votre grossière erreur : vous aviez l'a priori d'un échange avec un interlocuteur stupide. On vous l'a pourtant assez répété pendant les premières heures de ce cours : le grand principe d'une communication homme-machine efficace est le respect mutuel. Une fois cette idée intégrée, vous avez pu commencer à créer un climat de confiance pour progresser dans les échanges.
Le prof a également insisté sur l'importance de développer votre empathie algorithmique : chaque machine est différente, et il est important de prendre conscience de leurs spécificités pour s'y adapter. Bon sang, on ne dialogue pas de la même manière avec Alexa qu'avec l'algorithme de Twitter ! Vous n'avez pas les mêmes rapports, vous ne leur confiez pas les mêmes informations, et vous n'en attendez pas la même chose. Les usages à l'oral et l'écrit sont également très différents : vous avez retenu que vous pouvez vous permettre quelques plaisanteries avec les assistants vocaux, tandis que les interfaces écrites ont souvent moins le sens de l'humour.
C'est donc avec soulagement que vous quittez cette session de formation. Vous sentez vos progrès, mais cela vous semble encore très laborieux. Vous êtes fatigué.e par tous ces efforts, et avez envie de vous détendre en regardant un film. Vous allumez la télévision et regardez les propositions d’émissions qui vous sont faites par l’algorithme. Rien de transcendant… Il vous vient alors en tête une astuce que vous avez entendue lors de votre cours : “Exprimer ses besoins de manière claire et synthétique.” Vous vérifiez que vous êtes bien seul.e, et moitié honteus.se, moitié curieux.se, vous commencez à chuchoter à votre télévision “S’il te plait, je recherche un programme pour me décontracter après plusieurs heures de concentration intense”. La télévision prend quelques instants pour recalculer ses suggestions. Elles vous semblent tout à coup beaucoup plus pertinentes. Vous installez confortablement dans le canapé, satisfait.e de vos progrès fulgurants !
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Les articles et ressources qui m’ont inspirée
👉 Une analyse intéressante de Parcoursup, un des premiers algorithmes à décider des choix de vie de toute une génération : "C’est un mode de sélection qui habitue à accepter sans vraiment pouvoir comprendre, sans vraiment pouvoir contester"
👉 Ce sujet de recherche de la Chaire d’innovation publique
👉 Une tribune qui questionne les modèles économiques autour de la donnée : vendre ses données personnelles, serait-ce de la prostitution ?
👉 L’eldorado de la “low-touch economy” (Merci à Thomas Gauthier !)
Photo by Jeremy Yap on Unsplash
Réel | Le présent du travail
Mes ressources préférées pour trouver sa place dans un monde du travail bouleversé et bouleversant
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👉 Les channels partagés de Slack en visualisation
👉 Quand tu fais un commentaire raciste sur un candidat et que tu appuie sur “répondre à” au lieu de “transférer”…
👉 Pour les créateurs ou aspirants, un documentaire réalisé par Mathilde Renault sur le processus de création, au un titre envoûtant : “Sortir du Néant”
⚠️ Avec mes complices du collectif Le Coup d’Après, nous sommes en plein dans la conception (passionnante) d’un podcast interactif, et surprise, ce sera une fiction d’anticipation ! Je profite donc du prétexte des vacances de la Toussaint pour faire une petite pause dans la newsletter. Elle reviendra début novembre.
A très vite !
Je suis Noémie Aubron, fondatrice de La mutante, conseil en innovation. J’aide les idées innovantes à devenir des propositions de valeur et des modèles économiques en phase avec les besoins.
Je fais également partie du collectif de design fiction Le Coup d’Après : nous utilisons la fiction et l’immersif comme leviers pour articuler vision prospective, stratégie long-terme et action court-terme.
Cette newsletter de fictions prospectives donne des éclairages sur le présent, la prospective et les signaux faibles de notre temps. Elle est aussi le signe que je suis obsédée par le fait de rendre accessible et ludique ce qui est complexe et parfois aride. Alors, quoi de mieux que la fiction pour que tout le monde puisse manipuler la prospective et les signaux faibles ?
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