Futur(s) | Ce qui ne changera pas
Et si, demain, on cherchait aussi ce qui est stable pour envisager le futur ?
Futur(s) est une newsletter hebdomadaire qui raconte les émergences du présent en fictions du futur. J’y partage ma veille et mes réflexions sur l’évolution de nos modes de vie. Nous sommes désormais 6 685 à imaginer les futurs ici.
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Face à la complexité et l’incertitude de notre époque, il est parfois utile, plutôt que de chercher à envisager le changement, de se demander ce qui ne changera pas. Quels sont les horizons de stabilité sur lesquels nous devons travailler (et progresser) dans les prochaines années ?
Voici quelques pistes, je suis à votre écoute pour compléter la liste.
Bonne lecture,
Noémie
PS : La newsletter prendra quelques semaines de repos (et moi avec), on se retrouve en mars !
🌎 Les limites planétaires
Voilà un bon rappel à l’ordre qui permet de replacer les grandes tendances dans notre contexte physique contraint. On voit à quel point les futurs technologisés (IA ou Apple Vision Pro par exemple) nient souvent ce facteur dans leur vision, ou le conçoivent comme un problème résoluble par la technologie.
De même, le choc démographique dans lequel nous entrons à toute allure amène le regard sur une France peuplée de personnes de plus en plus âgées. En revanche, quid de vieillir dans un monde où les limites planétaires sont franchies ? Cet espace est encore peu peuplé de représentations, au-delà de l’attention forte portée à la canicule. Toutefois, des angles de vue nouveaux émergent, dont cette étude qui démontre le lien entre âge et augmentation du niveau de pollution. On peut faire la même observation concernant les études sur le travail qui intègrent encore plus la crise environnementale comme un objet social que comme un phénomène physique.
Sans tomber dans le stress pré-traumatique, nous devons collectivement faire l’effort d’envisager les conséquences du franchissement des limites planétaires pour notre société. Cela implique de dépasser la simple (mais essentielle) unité de mesure du CO2 pour se préoccuper également de la biodiversité, de l’eau douce et des océans, d’azote et de phosphore,…
🧑🚒 La valeur de sécurité
Dans un monde avec un niveau d’incertitude intense, la valeur de sécurité a de beaux jours devant elle. Se sentir en sécurité, avec un minimum de stabilité émotionnelle, économique, physique, sociale, est un besoin fondamental qui s’immisce dans des dimensions de notre société de plus en plus nombreuses.
Dans le même temps, les causes de la peur se sont multipliées : si, jusqu’à présent, on mesurait surtout la peur du chômage, du terrorisme, de la pauvreté ou de la délinquance, nous développons des sentiments de peur de plus en plus vifs vis-à-vis de la crise environnementale, du travail, des guerres, de la (fausse) réalité, de l’avenir.
Cette recherche de sécurité va probablement continuer d’irriguer nos décisions et nos choix de vie. Toutefois, elle s’étend à des domaines nouveaux : sécurité alimentaire, numérique, relationnelle,… Développer une culture de l’incertitude (vs une culture du risque) est un axe de développement à creuser pour éviter une société de la peur.
🍎 Garantir le “minimum d’existence”
On peut penser que ce qui ne changera pas sera lié à nos besoins basiques humains : manger, dormir, se sentir en sécurité, être en bonne santé,… C’est probable, mais nos grilles de lecture pour décrypter ces besoins sont peut-être, elles, obsolètes. La pyramide de Maslow présente une hiérarchie de nos besoins contestable. Elle est également la traduction d’une vision occidentale de l’Homme (voir WEIRD de J. Heinrich sur les différences pyschologiques entre cultures).
S’attacher à garantir ce “minimum d’existence” (Eric Crettaz) continuera probablement d’être un des grands enjeux des prochaines années. En revanche, y mettra-t-on toujours les mêmes besoins ? Les arbitrages entre besoins seront-ils les mêmes ?
💭 Le désir de rêve et d’émerveillement
S’il y a bien une caractéristique humaine qui me semble avoir le potentiel de durer, c’est probablement notre désir d’évasion, de rêve et d’émerveillement, d’autant plus si l’on considère les trois premiers items de cette liste. Culture, loisirs, tourisme, divertissement, voilà des territoires qui ont une carte à jouer dans les prochaines années.
Mais le besoin de sécurité, les limites planétaires, les difficultés de pouvoir d’achat font émerger un émerveillement de plus en plus numérisé, au travers notamment d’une jeune génération qui reste à la maison. Nous repoussons les limites de l’immersion numérique, en ayant déjà conscience de ses impacts psychologiques.
Il y a là un point de tension déjà très présent entre cette envie d’échapper au réel, et notre tentation de ne plus y revenir. C’est une ligne de crête avec laquelle tous les créateurs d’expériences devront composer avec responsabilité. Mais cela questionne également : peut-on encore s’émerveiller de la réalité ?
Réel | Observer le présent
Les changements autour de nous pour décrypter un monde bouleversé et bouleversant
🔮 L’”endineer” qui designe la fin de vie des produits
Joe Macleod wants brands to focus on what happens to products at the end of their lifecycle—not just for the environment but for the entire consumer experience.
(Trad. Joe Macleod souhaite que les marques se concentrent sur ce qu'il advient des produits à la fin de leur cycle de vie, non seulement pour l'environnement, mais aussi pour l'ensemble de l'expérience du consommateur.)
Nightshade, a project from the University of Chicago, gives artists some recourse by “poisoning” image data, rendering it useless or disruptive to AI model training.
(Trad. Nightshade, un projet de l'université de Chicago, offre aux artistes un recours en "empoisonnant" les données d'images, les rendant inutiles ou perturbant l'entraînement des modèles d'IA.)
Each hunk of Camembert or smear of brie is an ecosystem, an assortment of fungi and bacteria that turn milk fats and proteins into hundreds of different compounds. Those compounds produce the flavors, smells, and textures we love. In recent decades, however, the genetic diversity of some of those microbes has caved. And today, some of the most famous French cheeses rely on just a single fragile strain of fungi that is at risk of dying out.
This is bad news for France, bad news for bread, and bad news for lovers of fine cheese the world over. And it’s a reminder that biodiversity matters, even when you can’t see it. Life’s finer things, indeed, depend on it.
(Trad. Chaque morceau de camembert ou de brie est un écosystème, un assortiment de champignons et de bactéries qui transforment les graisses et les protéines du lait en des centaines de composés différents. Ces composés produisent les saveurs, les odeurs et les textures que nous aimons. Toutefois, au cours des dernières décennies, la diversité génétique de certains de ces microbes s'est effondrée. Aujourd'hui, certains des fromages français les plus célèbres dépendent d'une seule souche fragile de champignons qui risque de disparaître.
C'est une mauvaise nouvelle pour la France, pour le pain et pour les amateurs de fromages fins du monde entier. Et cela nous rappelle que la biodiversité est importante, même lorsqu'on ne la voit pas. Les plus belles choses de la vie en dépendent.)
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Je ne peux pas liker deux fois, alors un petit gentimentaire : merci pour ce sujet avec un angle original. Bonnes vacances.