Futur(s) est une newsletter hebdomadaire qui raconte les émergences du présent en fictions du futur. J’y partage ma veille et mes réflexions sur l’évolution de nos modes de vie. Nous sommes désormais 8 070 à imaginer les futurs ici.
Il m’est encore difficile de prendre du recul sur les événements américains des derniers jours. Au-delà des implications politiques et géopolitiques, beaucoup qualifient ce moment de bascule, à la fois concernant l’influence américaine sur le monde, le statut du modèle démocratique, le rapport à la vérité ou encore le “progrès social”. J’ai lu l’expression “la fin du siècle américain”, qui m’a marquée.
Je ne suis pas spécialiste de la vie politique américaine, mais ce moment m’a également évoqué, à tort ou à raison, le renforcement de l’échelle locale que j’avais déjà exploré dans deux éditions précédentes, sur lesquelle je reviens ici.
Bonne lecture,
Noémie Aubron
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Prendre le temps d'explorer les liens entre prospective et design fiction
👁️ Remarquer le changement
💭 Passer de la veille à la pensée prospective
💬 Raconter le changement
🎤 Ouvrir des conversations stratégiques sur les futurs
(Programme détaillé)
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Contactez-moi pour en savoir plus : noemie@circa2040.com
L’hyperlocalité
Vers une société de plus en plus tournée vers la plus petite échelle de communautés ?
Dans un contexte politique national polarisé, et avec des moyens probablement limités au regard des défis à venir, l’hyperlocalité est probablement une tendance de fond à suivre de près : les solidarités locales de quartier comme les plus protectrices à développer.
Les plus aguerris aux techniques numériques mettent en place des systèmes à l’échelle du quartier. Votre station météo en est un bon exemple, mais il y a également un suivi de la qualité de l’air, de la biodiversité ou des réserves d’eau, un inventaire du matériel disponible échangeable, un système d’alarme décentralisé,… Une discussion numérique anime désormais le quartier pour faire naître des projets et des solidarités autour de préoccupations quotidiennes. Oh, bien sûr, les histoires de voisinage n’ont pas disparu pour autant : l’âpre concurrence entre les deux maçons du quartier ne passe pas inaperçue dans les canaux de discussion. Il paraît également que ces micro-communautés sont devenues un moyen pour accéder facilement à toute sorte de trafics, surtout en période de pénurie. Pour cela, quelqu’un dans la vraie vie doit vous tuyauter sur le mot de passe et le langage codé qui s’y pratique… Mieux vaut avoir de bonnes relations pour accéder au précieux sésame !
Pour aller plus loin :
Le rôle majeur des infrastructures sociales de résilience dans la toute nouvelle newsletter Trois degrés
“Sylvain Grisot les définit comme “ces liens du quotidien qui sauvent quand la crise est là”.
Utopolis
Vers une société qui développe des utopies radicales locales ?
Dans la même veine que l’hyperlocalité, cette tendance évoque l’idée selon laquelle les radicalités politiques pourraient de plus en plus s’exprimer à l’échelle locale, autour de projets de plus en plus clivants.
Au sein de votre ville, depuis votre installation, les débats se sont radicalisés. On remet aujourd’hui en question le principe même de technologie. Vous n’êtes pas à l’aise avec cela. A cet instant précis, votre GPS se bloque. Vous venez de passer devant la borne brouilleuse de wifi, qui diminue significativement la connexion à proximité d’une grappe de restaurants. Cette fichue borne vous irrite au plus haut point et vous confirme qu'il est peut-être temps d'envisager de déménager. Mais pour partir où ? Dans une de ces villes anti-vieillissement ? Ce serait un changement trop radical… Ou bien peut-être dans cette ville qui privilégie le bien-être animal ? Voilà peut-être une utopie de ville qui pourrait vous plaire !
Réel | Observer le présent
Les changements autour de nous pour décrypter un monde bouleversé et bouleversant
🔮 Le futur des business schools
“Rather than trying to put lipstick on an elite pig, we need to do a complete overhaul and reinvention, cutting the umbilical cord to managerialism. This means educating organizers, not managers—creating, as Parker calls for, new “schools for organizing.”
(Trad. "Plutôt que d'essayer de mettre du rouge à lèvres sur un cochon élitiste, nous devons procéder à une refonte complète et à une réinvention, en coupant le cordon ombilical du management. Cela signifie qu'il faut former des organisateurs, et non des gestionnaires, et créer, comme le demande Parker, de nouvelles « écoles d'organisation »)
🔮 La Menace chinoise ?
In my attempt to be as honest with my audience as possible, I always talk very openly about what my biggest concerns are. I’m mildly concerned about climate change; we’re making big progress against it, but we could go faster. I’m mildly concerned about U.S. unrest and institutional chaos; I think we’re on the path to national healing, but I think Trump would delay that process. I’m mildly worried about bioweapons, about government deficits, and about population aging.
But I am very worried about the People’s Republic of China.
(Trad. Soucieux d'être aussi honnête que possible avec mon public, je parle toujours très ouvertement de mes principales préoccupations. Je suis légèrement préoccupé par le changement climatique ; nous faisons de grands progrès dans ce domaine, mais nous pourrions aller plus vite. Je suis légèrement préoccupé par les troubles et le chaos institutionnel aux États-Unis ; je pense que nous sommes sur la voie de la guérison nationale, mais je pense que Trump retarderait ce processus. Je suis légèrement préoccupé par les armes biologiques, les déficits publics et le vieillissement de la population. Mais la République populaire de Chine m'inquiète beaucoup)
There is a world of business out there that is different! I call it the Business-As-Un-Usual world.
And in this world, people are building a way of doing business that embraces slowness, mindfulness, sufficiency, and care, while cultivating adventurism, resonance, playfulness, meaning, and interdependence.
(Trad. Il existe un monde des affaires différent ! Je l'appelle le monde des affaires non conventionnelles.
Et dans ce monde, les gens construisent une façon de faire des affaires qui embrasse la lenteur, l'attention, la suffisance et le soin, tout en cultivant l'aventurisme, la résonance, l'espièglerie, le sens et l'interdépendance.)
“The core idea behind that book was that a defining superpower of human beings is our ability to mentally time-travel to possible future states, and think about how we might organize our activities to arrive at those imagined future outcomes.” In his thinking, and I tend to agree, this capacity for projection, this “mental time-travel,” will become increasingly important in coming years as the potential for AI-enabled advancements in biology and medicine could compress a lot of advances in just a few decades.
Two, as we live longer, our “temporal horizons expand,” which encourages us to “project forward into that future.” While probably true, to me this is a bit like men who suddenly care about women because they have a daughter. One should not only care about other generations because they’ll meet them in person.
(Trad « L'idée centrale de ce livre était que l'un des superpouvoirs de l'être humain est sa capacité à voyager mentalement dans le temps vers des états futurs possibles, et à réfléchir à la manière dont nous pourrions organiser nos activités pour parvenir à ces résultats futurs imaginés ». Selon lui, et j'ai tendance à être d'accord, cette capacité de projection, ce « voyage mental dans le temps », deviendra de plus en plus importante dans les années à venir, car le potentiel des progrès de l'IA en biologie et en médecine pourrait comprimer un grand nombre d'avancées en quelques décennies seulement.
Deuxièmement, à mesure que nous vivons plus longtemps, nos « horizons temporels s'élargissent », ce qui nous encourage à « nous projeter dans l'avenir ». Bien que cela soit probablement vrai, je trouve que c'est un peu comme les hommes qui se préoccupent soudainement des femmes parce qu'ils ont une fille. On ne devrait pas s'intéresser aux autres générations uniquement parce qu'on les rencontrera en personne.)
We learn that our past and predictions are not laws, but ideas at best.
Perhaps what we ultimately require at this moment is to untangle ourselves from both the past and future, and to reorient ourselves back into the present moment. The only thing we truly have.
Perhaps we strengthen the muscle to resist the urge to endlessly document and relive, to silence the relentless ticking of the digital clock, to stop manically predicting what is inevitably in our control and to instead simply be – a radical act of rebellion in our temporally lost world.
(Trad. Nous apprenons que notre passé et nos prédictions ne sont pas des lois, mais au mieux des idées.
Peut-être que ce dont nous avons finalement besoin en ce moment, c'est de nous défaire du passé et de l'avenir, et de nous réorienter vers le moment présent. La seule chose que nous ayons vraiment.
Peut-être avons-nous la force de résister à l'envie de documenter et de revivre sans fin, de faire taire le tic-tac incessant de l'horloge numérique, d'arrêter de prédire de manière maniaque ce qui est inévitablement sous notre contrôle et de simplement être - un acte radical de rébellion dans notre monde temporellement perdu.)
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Si vous souhaitez en savoir plus sur mon métier, c’est par ici
Toujours très enrichissant de lire Futur(s) ! J'y retrouve des chemins connus mais aussi des références complémentaires , merci encore de mettre tout cela a disposition. C'est précieux en ces temps sombres de se dire ensemble qu'une autre voie est possible ;-)